Tendre d'amour c'est désirer que l'objet aimé devienne sujet dans notre amour, dans notre "je" fatalement "je" (n'admettant d'autre sujet que lui-même), et dans notre relation à tous deux (relation qui pourrait alors n'être pas seulement réfléchie - je regarde l'autre et je m'y vois, moi et mon regard - mais réciproque - chacun sait et admet (et aime) que l'autre regardé nous regarde en retour)
tendre d'amour c'est donc désirer être deux quand bien même on est fatalement un.
on le sait - mais quand même
tendre d'amour c'est donc désirer être deux quand bien même on est fatalement un.
on le sait - mais quand même
Ainsi l'amour n'est-il jamais qu'en puissance, jamais en acte -
mais dans la puissance même il y a de l'acte
Tendre d'amour c'est être déjà dans l'amour que l'on n'atteindra pas.
On n'y est jamais mais le dire c'est y être déjà.
Car, comme dit Barthes :
"(L'atopie de l'amour, le propre qui le fait échapper à toutes les dissertations, ce serait qu'en dernière instance il n'est possible d'en parler que selon une stricte détermination allocutoire ; qu'il soit philosophique, gnomique, lyrique ou romanesque, il y a toujours, dans le discours sur l'amour, une personne à qui l'on s'adresse, cette personne passât-elle à l'état de fantôme ou de créature à venir. Personne n'a envie de parler de l'amour, si ce n'est pour quelqu'un.)"
Roland Barthes, Fragments d'un discours amoureux