lundi 24 mai 2010

instant jazz


encens en volutes clefs de sol, feutre de l'obscurité des lumières tamisées, tables rondes d'un sang presque noir, 
j'aurais une robe de soie rouge caressant jusque les chevilles
les flutes de cristal d'un vin sombre à mon front
le contrebassiste un grand noir aux doigts maigres
une chanteuse à la voix de sommeil et aux cheveux de cendres
je serais accompagnée
à mon cou un parfum capiteux
un collier des plus précieux
d'une femme qui aurait déjà été mariée, dans un temps presqu'antérieur
une bouteille de ce bordeaux partagé à nous deux entre quelques murmures des sourires de fatigue sensuelle
main blanche dans main blanche dansant soudain sur la piste de danse
dans cette salle noire où les habitués mêmes commenceraient à prendre le départ
le piano comme infini
alors danse contenue s'abandonnant dans la fatigue de jazz élégant
auquel nous serions habitués mais comme cette soirée isolée.ce serait un instant de jazz non pas sur une vie mais dans cette salle obscure seulement
ce serait un verre de whisky dans une main une cigarette dans l'autre
et les fumées capiteuses d'un instant de jazz
I would be tired et d'une sensualité effarante
quarantenaire aux jambes étirées comme des sauterelles
aux cheveux capiteux capiteux
je coûterais si cher et tu serais si riche
ce serait un instant de jazz pour des privilégiés la vie derrière eux, laissée sur le porte-manteau de ce grand club
il me désirerait silencieusement
ce serait un tango en puissance
mais notre fatigue nous endormirait au jazz jaazz
il aurait le visage des pays traversés des filles serrées contre lui des draps d'hôtel d'affaire aux eaux de cologne inoriginelles
les rides au coin de mes lèvres seraient celles des whiskys solitaires des whiskys partagés avec des marins des banquiers des cheminots des professeurs de grands médecins chirurgiens qui m'auraient dépecé le coeur
oublié de le refermer
tout le sang ainsi évacué et le coeur lui-même
je n'aurais plus que le jazz pour danser sensuelle les charmes survivances
j'aurais des cheveux volutes et un pas de danse oublieux de sa si grande maîtrise
un verre de whisky et une cigarette dans chaque main
un instant jazz sensuel à nos oreilles
une salle sombre noire très chère
un barman en smocking qui rangerait les dernières bouteilles hauts bordeaux et grands champagnes,
laisserait la bouteille de whisky sur notre table
pour la chambre d'hôtel où nous aurions fait l'amour comme on ne le fait plus : avec de l'oubli sensuel oubli
et lorsque je regarde tes yeux de jazz je vois la vie que j'ai oubliée et je l'oublie sublimement
en volutes sensualité
le cigare permet à la poitrine de se lever calmement 
et les seins durs contre le torse de l'inconnu de soie
on l'emmène entre ses jambes éteint la lumière

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