mercredi 20 octobre 2010

à ceux qui disent qu'Antigone avait tord


"Notre mort fait vrai cet énoncé" :
On pourrait alors rétorquer qu'en ne mourant pas Antigone aurait également eu raison (ce qui revient à dire : Ismène avait raison) : En effet, sans mort, il aurait été prouvé que la vie n'avait pas besoin de la mort pour être vie entière - que la mort ne fut pas intégrée à la vie par le rituel de l'inhumation ne retranchait rien à la vie-même. 

Si l'on s'en tient à la seule mathématique, oui.

Mais voudriez-vous que la mathématique ait raison ?
Vous sentez bien au fond de vous que la mathématique n'est pas la (seule) raison

Qu'est-ce que la vie si l'on peut la grignoter ainsi, en commençant par ses marges (la mort), et en continuant continuant...jusqu'où ira ce grignotage ? Que restera-t-il de la vie si on la laisse être grignotée ?

Comment défendre la vie si on ne la conscrit pas à une entité dont on ne peut rien retrancher ? Qui pourra dire alors "non, n'allez pas jusque là, ne touchez pas à ça, ça c'est la vie ?" On lui rira au nez ! Qui est-il pour prétendre que la vie commence là et non juste avant ou juste après ?


La vie est à sauver entière ou ne sera bientôt plus rien. 

Alors : Résistance 


1 commentaire:

  1. Avait tord ? ou tort ? (beau lapsus…)

    Sinon — pensée ce que dit Antigone au moment de sa mort chez Sophocle [http://fr.wikisource.org/wiki/Antigon%C3%A8]

    Ô sépulcre ! ô lit nuptial ! ô demeure creusée que je ne quitterai plus, où je rejoins les miens, que Perséphassa a reçus, innombrables, parmi les morts ! La dernière d'entre eux, et, certes, par une fin bien plus misérable, je m'en vais avant d'avoir vécu ma part légitime de la vie. Mais, en partant, je garde la très grande espérance d'être la bien venue pour mon père, et pour toi, mère, et pour toi, tête fraternelle ! Car, morts, je vous ai lavés de mes mains, et ornés, et je vous ai porté les libations funéraires. Et maintenant, Polyneikès, parce que j'ai enseveli ton cadavre, je reçois cette récompense. Mais je t'ai honoré, approuvée par les sages. Jamais, si j'eusse enfanté des fils, jamais, si mon époux eût pourri mort, je n'eusse fait ceci contre la loi de la cité. Et pourquoi parlé-je ainsi ? C'est que, mon époux étant mort, j'en aurais eu un autre ; ayant perdu un enfant, j'en aurais conçu d'un autre homme ; mais de mon père et de ma mère enfermés chez Aidès jamais aucun autre frère ne peut me naître. Et, cependant, c'est pour cela, c'est parce que je t'ai honorée au-dessus de tout, ô tête fraternelle, que j'ai mal fait selon Kréôn, et que je lui semble très coupable. Et il me fait saisir et emmener violemment, vierge, sans hyménée, n'ayant eu ma part ni du mariage, ni de l'enfantement. Sans amis et misérable, je suis descendue, vivante, dans l'ensevelissement des morts. Quelle justice des dieux ai-je violée ? Mais à quoi me sert, malheureuse, de regarder encore vers les dieux ? Lequel appeler à l'aide, si je suis nommée impie pour avoir agi avec piété ? Si les dieux approuvent ceci, j'avouerai l'équité de mon châtiment ; mais, si ces hommes sont iniques, je souhaite qu'ils ne souffrent pas plus de maux que ceux qu'ils m'infligent injustement.

    RépondreSupprimer