dimanche 24 octobre 2010

Vita Brevis !


Vita Brevis!et que les siècles sont courts, amassés sur eux-mêmes,
que le coeur humain reste d'âge en âge semblable à lui-même, 
si cette lettre de Floria AEmilia à l'Evêque d'Hippone 
porte bien la date antique du cinquantenaire du bientôt Saint Aurèle Augustin !

Comme la parole de cette femme est simple et balancée (pesée sur balance), limpide et droite, garante de vérité par la modestie de n'en assurer aucune et de les envisager toutes,
face aux effusions des Confessions d'Augustin où la pensée va par sauts mais non par gambades, par ellipses et yeux clos (ou arrachés - Œdipe), où les certitudes révèlent les doutes, les angoisses -

Lettre à un homme qu'elle aime, lettre à un homme d'Eglise
Lettre en son nom, lettre où elle craint pour les femmes - pour la femme telle que le Christianisme la représente
" tu me flagellas pour avoir succombé à ma douceur. Tu me rendis ainsi coupable de ton désir. (...) Cela ne revenait-il pas à te castrer ? "
"Je tremble à l'idée de ce que les hommes d'Eglise risquent un jour de faire à des femmes comme moi. Non pas en tant que femmes, car c'est ainsi que Dieu nous as créées, mais parce que nous représentons des objets de tentation pour vous autres les hommes, tels que Dieu vous as créés. (...) Je frissonne, car j'ai peur qu'un jour les hommes d'Eglise ne veuillent nous supprimer. Et pourquoi crois-je cela ? Parce que ces femmes vous rappellent que vous avez nié votre âme et la nature de votre corps."


Toujours : lettre d'une femme à celui qui ne veut plus être un homme :
"Je ne crois pas en un Dieu qui détruit la vie d'une femme pour sauver l'âme d'un homme."


Soudain : contemporanéité du réel face aux mythes (l'Antiquité n'était pas du mythe mais du réel comme celui qui chaque jour nous passe sur le corps) : 


"Je ne fis pas comme Didon, je ne sus pas tenir la promesse que je t'avais faite sous le figuier, Aurèle. Et si j'avais pu avoir Adéoda avec moi, je n'aurais pas fait non plus ce que fit Médée. Je partis."


Lettre d'amour surtout, à celui qui ne veut plus (re)connaître l'amour : 
"Les oiseaux pour moi se sont tus. Les fleurs ont à jamais perdu leurs belles couleurs. Plus personne ne s'est penché sur moi pour respirer ma chevelure. Plus personne n'a posé ses mains sur mon corps. J'ai fini malgré tout par partager un peu le destin de Didon. Mais jamais rien ne me fera lâcher le camée que je serre dans ma paume."

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