vendredi 19 mars 2010

"journal littéraire" 2

Vendredi 18h24

L'ambiguïté du journal littéraire tient tout d'abord au caractère hybride de son genre, à un genre qui ne se nomme pas - et par là n'en est pas tout à fait un (?).

Un journal littéraire ne s'ouvre pas sur un préambule proposant un pacte au lecteur. Un journal littéraire ne s'annonce pas. Le lecteur du journal littéraire (et plus encore du journal littéraire internet) n'entre pas par une porte mais par une fenêtre quelconque : il pénètre immédiatement dans la matière même du texte, sans avoir pu préalablement l'identifier.

La dualité fiction/réel sort du champ des références : la question n'a plus ici à être posée.

On entre par effraction dans un monde où l'on rencontre des ombres - où l'on croit parfois apercevoir son ombre, parfois celle d'un supposé auteur, parfois celle superposée de ces deux ombres, et parfois même une ombre qui esquisserait une humanité rêvée.

Le propre de l'ombre est d'être fugitif : or la fugacité est aura de vérité.

Le lecteur tend les doigts et tout s'échappe, il se retourne, aperçoit une ombre derrière une nouvelle fenêtre, court vers elle se laisse emporter par une nouvelle pénombre, trébuche se relève, marche sans avancer, regarde sans voir, tend l'oreille au-dessus du vide.
Le lecteur est plongé dans le journal comme dans un rêve - ou cauchemar.

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