jeudi 25 mars 2010

Course à la Grande Ourse


18h30-19h45 : 22h29

On m'appelle la silloneuse de Paris ; pourtant je ne laisse pas de trace.

Ai parcouru la lumière dans ses rues, chassé la grande ourse au devant, accroché la lune à la pointe de l'église, jeté les nuages au tout venant, aux passants au bitume.

Métros aériens qui traversent les rues et relient la ville, armature sans laquelle tout s'effondrerait sans doute.

Sacré-coeur accroché au fil de l'horizon, on se demande quand il tombera.

Et l'on court dans la lumière. sur la place ronde de dalles de l'espace en écart pour les bras large ouverts , lumière circulaire qui naît des tourbillons que l'on trace insouciant, à la vitesse des nuages d'or qui balaient le ciel et disparaissent dans une ville voisine et inconnue, orientale.

Et l'on court le coeur à se rompre, on sourit à la lune et au passant, le coeur à la renverse et l'on manque de se faire renverser, feux dont les couleurs ne sont plus que couleurs, sans signification autre que couleur couleur.

Et on laisse le vent s'engouffrer dans les rues, dans les artères, dans le coeur.

Chaque pavé connaît mon nom et nul homme ne me reconnaît. rien de semblable qu'avec la marche la course martelée des souliers sans semelle.

et quand la pluie tombe c'est de la lumière qu'on recueille en son sein
des odeurs de corps du monde
senteurs de camphre et de cannelle,
d'aubépine de chèvrefeuille,
de terre profonde de vers de vie.
Et les cheveux coulent rigoles entre les pavés inégaux,
la pluie a investi le son elle est le son de la ville à présent
Jusqu'à la place d'Italie vers laquelle on remonte (comme si on avait déjà fait le chemin), l'eau descend la pente et l'on se rencontre dans une continuité imperturbable.

La place d'Italie est grise sous le ciel bleu de nuit
elle est de lumière verte d'herbes phosphorescentes de violettes de jonquilles
odeur d'essence et de bonbon trop rose
comme une chape oppressante qui sape l'îlot reconstitué.

On en échappe seulement en passant par le comble d'odeur et de gris, le métro souterrain souterrain, souterrains débouchant sur souterrains toujours plus souterrains sous la terre de la terre, souterrains qui ne nous rejetteront à l'air libre seulement après nous avoir digéré putréfié - une heure durant et plus encore.

Sortie des entrailles et c'est la nuit.

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