mardi 10 août 2010

juste au bord


Ces vacances sédentaires me font prendre conscience que j'avais jusqu'ici (ou du moins depuis plusieurs années) négligé la capacité du roman à nous faire voyager. Les livres m'arrachent un peu à la chambre où je suis enchaînée (et quand bien même ce serait une ville, elle se fait minuscule, se clôt sur mon corps, j'étouffe).  
Lorsque je lis la presqu'île de Gracq ou bonjour tristesse de Sagan, je fais cent bornes dans un vent de sel et de bruyères, de chênes et d'embruns, je cours sur des chemins jonchés d'aiguilles de pins et je me jette dans une eau de soleil d'août. 
Et pourtant dans ce plaisir suprême, de lumière et d'odeurs, la douleur me prend le corps et me laisse, tremblante, au bord - 
au bord de quoi ? 
du désir, inassouvi
du plaisir, qui s'éloigne dès que je danse un pas vers lui
 - au bord de la route, qui ne fait, au mieux, que le tour de Paris.

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