mardi 10 août 2010

Sagan


Je ne suis pas sûre de parvenir cet été à arrêter Sagan. à arrêter de la lire je veux dire car elle a bien entendu déjà arrêté d'écrire et c'est sa voiture qui,elle,ne s'est pas arrêtée.
A une première lecture (et j'en suis là), rien ne me semble extraordinaire - je ne pourrais pas dire que son écriture est virtuose, les mots précis, le rythme frappant ou bouleversant, la construction riche et complexe.
Au contraire, ce que je remarque tout d'abord, c'est la simplicité de ses romans, et la facilité de lecture qui en résulte.
C'est cette simplicité même qui me séduit - et je me laisse aller avec facilité à la séduction car j'ai toujours aimé la vie.
Cependant : n'ai-je pas laissé la littérature me détourner (au moins un peu et en un certain sens - incomplet) de la vie ?
Depuis quand donc n'avais-je pas lu un roman simple, sans prétention ?
Avoir tant d'années durant lu uniquement des œuvres de Belles Lettres et lire aujourd'hui Sagan, puis encore un autre Sagan, c'est comme retrouver une jeunesse, une nouvelle jeunesse de lecture, des lectures de jeunesse.
C'est si savoureux d'un coup (et c'est bien d'un coup qu'il s'agit - frappée sur la nuque je suis morte ici et née là-bas) que je ne puis avoir de recul : le charme qu'exerce sur moi les livres de Sagan est-il seulement celui d'une retrouvaille des livres que je lisais au début de mon adolescence (des récits, des aventures, une écriture qui se donne et ne se place pas si loin haut dessus qu'on se fatigue en tension vaine pour à peine agripper) ou est-il celui qu'exerce sur moi la sensibilité particulière de Sagan ? - et je suis charmée entre autre parce que je la reconnais femme, humaine surtout, humaine, et que nos différences me la rendent aussi familière que nos ressemblances (peut-être simplement parce qu'elle met les sentiments à nu tout en endossant un je, si indéfini soit-il : elle n'a pas peur du ridicule et on la découvre ainsi seulement humaine - on découvre l'humain, tel qu'il peut être, tel qu'il est toujours, même si les modalités et les couleurs sont infiniment variées).
Sagan femme de vie qui dit la vie et c'est en cela que surgirait dans ses romans une puissance séductrice, dévastatrice de nos réticences -
Lire Sagan c'est vivre et je peux à nouveau aimer la littérature avec raison (parce qu'elle travaille et approfondit mes folies, m'en fait jouir d'une manière autre que me le permet la vie, et non parce qu'elle serait ma folie-ma seule folie)

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