mercredi 16 juin 2010


à des voix inconnues laissée au bord et l'on oublie toute langue 
l'andalou à la souplesse du corps, et des cheveux, aussi,
et, oui, oui
et les souvenirs projetés au-devant des vies qui ne sont pas nôtres
l'océan sur cette langue lancée au-devant des lèvres et des corps
ou plutôt non, pas océan mais pluie, pluie de midi aux tropiques,
c'est un corps humide, et nu, nu, sur la langue qui pousse les dents et s'infiltre,
langue perméable qui fond les peaux aux autres,
qui ramène à la poitrine le crâne vieux de dix mille ans d'histoires
crâne où la voix résonne et les flammèches des bougies nées de chaleur,
et toi aussi, et elle, ombre de mon ombre, et incarnation plus chair que ma chair,
et les jasmins d'où
et 
et aussi, oui,
son ombre à son ombre, sa chair à sa chair, son coeur à son coeur,
pas plus gros qu'un noyau d'avocat,
tenant dans la main à même les veines,
nervures de la chair du fruit et de son coeur,
et ton coeur, oui,
et
et l'on sent cette langue qui se délie et lie l'un l'autre lascivement abandonnés l'un à l'autre,
langoureusement le chat déplie ses muscles et étend
la langue parle en nous un futur parallèle à notre propre vie et que l'on ne pourra jamais rejoindre, 
et où l'on s'endort pourtant à chaque soleil de suie,
aux souffles au bord desquels.on dit oui sans attendre.
chants de gorge entre deux haleines naît celle qu'on attendait, devait naître de nous, oui,
comme on s'attendait soi-même et que l'on voudrait qu'on nous attende,
quelque part, tout près, oui,
et car nous, oui,
on attend une langue qui parle en nous, qui nous parle muette,

parle muet dans mon corps et froisse du bout des doigts les poussières qui soufflent sur la peau,
ouvre mes paupières comme on les ferme, 
que la langue reste musique inintelligible, 
amadrugar, 
et que je sois non pas seule mais Très Mil.


Prend sa main et guide-la jusqu'au Nil,
bateaux par vos ongles suspendus au soleil,
cartes désaxées, en attente.


Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire