jeudi 10 juin 2010

Générosité



On craint souvent d'être trompé par sa propre générosité et que celle-ci ne soit que le pernicieux masque de notre amour-propre, d'un ego à gonfler.

Le clivage égo(ïsme)/générosité est dépassé dès lors que l'on ne se considère plus comme un individu apposé à d'autres individus eux-mêmes apposés les uns aux autres et que notre regard se porte non plus sur les points de jonction mais sur les liens qui les forment.

Nul point de jonction sans lien.

Nul homme sans les hommes. 

On ne vit pas seul avec soi, pas plus que l'on ne vit de soi-même.
On est avec les autres, et sans cela on n'est pas.
Le plus solitaire des hommes a lui-même une mère & un père.

La générosité ne sert ni l'autre, ni soi-même, elle sert les liens qui joignent les autres et soi-même. 
On n'est pas généreux pour un individu en lui-même, sinon la générosité pourrait être tournée directement et légitimement vers soi-même, autant que vers un autre.
On est généreux pour servir les liens et pour que la vie ensemble puisse ainsi se perpétrer.
On est généreux pour être un peu heureux les uns avec les autres.

J'entends déjà Kant répliquer que l'on est généreux seulement pour que les autres le soient avec nous - impératif hypothétique. 

Mais il distingue encore soi et les autres.

Or, la générosité porte sur les liens, et de ce seul fait la distinction entre soi et les autres s'efface - non pas absolument, mais dans cette perspective précise, oui, j'ose le croire 
(et peut-être, oui, veux-je seulement le croire et fonde-je ma croyance sur un raisonnement absurde - tautologique ? ou resté au point de départ simplement parce qu'immobile ?
 - quoiqu'il en soit, je tente de déplacer le regard et d'offrir une perspective nouvelle
- perspective à renverser pour un tableau cubiste, ou, peut-être pour un tableau d'un genre nouveau.


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