mercredi 23 juin 2010

notes anciennes et brouillons sur le Journal d'Alix et, à partir de lui, sur la forme du journal (début mai)


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journal : forme littéraire qui se propose d'être imparfaite


Sum up :
Le journal se présente d'emblée comme imparfait - ou plus exactement comme ne tendant pas à la perfection - , aussi peut-on avancer dans le journal sans la crainte paralysante de ne pas atteindre la perfection.

Développement (mais pas sûr que j'y dise quelque chose de plus -à relire) : 

Pour certains (pour moi, pour Alix il me semble) :
C'est parce que le journal n'a pas à être parfait, qu'on peut écrire le journal.
Nous ne pouvons écrire une "oeuvre" (qui se présente comme achevée) car nous la voudrions parfaite. 
Or, le journal, lui, n'est que fragments du jour juxtaposés (même si parfois coordonnés) comme le sont les jours.
Vie inachevée, en perpétuel mouvement, en tension,
journal inachevé, idem, idem, etc. journal imparfait donc puisqu'on n'est pas mort.
(et l'on mourra sans avoir noté l'instant de la mort : ainsi la vie s'achève sans achever le journal et le journal peut éternellement prétendre à son inachèvement et donc à sa légitimité à être imparfait)

Journal par ailleurs se propose d'être spontané, pas ou peu (re)travaillé
- et donc là aussi ne se propose pas comme fin la perfection et peut donc se permettre en toute largesse d'être amplement imparfait

- d'autant que journal se propose de n'être lu que par celui qui l'écrit
° et lorsque ce n'est pas le cas, on feint que cela le soit - accord tacite entre celui qui l'écrit et celui qui le lit, si bien que la publication est ce qui parait fiction (ou du moins accident) (passe au second plan, dissimulant paradoxe privé/public)

Mais revenons à l'idée de : spontanéité
Dans le journal (et non seulement par son biais), on travaille l'écriture par l'écriture sans cesse de nouveaux fragments : on ne (re)travaille pas ces fragments, on travaille par fragments.
(et ceci encore permis par le fait qu'on accepte d'emblée l'imperfection, que cela soit partie intégrante et même nécessaire au projet)
Perpétuelle avancée sans retour en arrière
Permet de voir l'écriture évoluer
Permet de faire évoluer son écriture (et d'évoluer dans l'écriture) dans un élan vital, dans une dynamique non pas sans à coups mais sans longs arrêts et sans retours en arrière
Permet de ne pas être trop sévère avec soi-même - sévérité qui chez les perfectionnistes peut mener à la paralysie.
Permet donc de ne pas se paralyser et d'être dans avancée perpétuelle.
N'empêche pas que l'on relise de temps en temps d'anciens fragments d'anciens jours et que cette lecture enrichisse l'écriture des prochains jours (par évolution de l'écriture mais aussi par échos entre les jours les lumières)

Journal est création et non créé : processus perpétuellement en cours (et voici qu'en 3 mots je dis 3 fois la même chose, comme si on n'avait pas compris!)
Journal ne se pose jamais comme achevé comme parfait :
de l'inachevé posé chaque jour
- tout s'accumule sans qu'il n'y ait jamais entité (non seulement car inachevé mais aussi car on peut statuer aussi bien sur le non-lien que sur le lien entre les fragments)

Résumé :
journal se présente d'emblée comme imparfait car : 
-spontanéité, affirme (implicitement) de ne pas être retravaillé
-journal est sensé être écrit pour soi - presque des notes repères, pouvant ne pas être développées, et donc légitimité d'autant plus grande à être imparfait (développement, tension vers le parfaire se ferait hors journal)
-journal forme inachevée donc imparfaite
-se propose (prétend plus ou moins) être miroir de la vie : hors vie ne peut être que tension (à la rigueur tension vers la perfection) et non perfection (sinon on serait mort) : vie = puissance, mort = acte (et encore). Donc journal à l'image de la vie doit pas être forme parfaite et figée mais forme imparfaite et en mouvement


***
ambiguïté réel de soi/fiction de soi

ambiguïté présente dans toute la littérature mais présente avec plus grande acuité dans forme du journal - permettrait donc probablement d'étudier cette ambiguïté dans la littérature en général à partir du journal.

Ambiguïté présente dans le journal d'Alix (étudier dans quelle mesure - ne sais pas bien encore).
Ambiguïté aussi présente, ce me semble, dans ses photographies.
On attend de la photographie qu'elle dise le réel et il semble qu'elle ne puisse s'y soustraire
- photos d'Alix mêmes ne s'y soustraient pas tout à fait puisque présente des objets du monde réel.
Cependant photographies d'Alix semblent plus proches de fictions que réels, ou du moins plus irréelles que réelles (dimension fantasmagorique ?)
- permis par les techniques de tirage etc. qui sont étape fondamentale de l'art photographique d'Alix Cléo.

Peut-être inversion ? : 
on attend plus réel de la photographie et irréel de l'écriture,
et Alix semble donner le contraire.
Ouai bof.
De toute façon mes notions de réel/irréel/fiction,etc. ne sont pas définies donc je ne peux pas réfléchir là-dessus. Voilà juste des pistes, voir si avancer plus loin est intéressant ou non à jeter.

Possibilités du journal (de la littérature en général aussi, mais avec confusions moins grandes probablement) :
Création de soi comme fiction
Création de l'autre comme fiction
Création du monde comme fiction (mais cela le journal s'y attarde sûrement moins que d'autres formes littéraires - notamment le roman ou la poésie)
Création des rapports comme fictions

Peut aller jusqu'à créer : rapports fictionnels réel-fiction qui disent le réel de soi.
(ouhla!)


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