lundi 7 juin 2010

train du 5/06/10, 11h33. PM-C/E


Premier voyage en train. On aurait aimé faire le bilan et renverser sa vie par de nouveaux projets. avoir une vue panoramique ou défilante.   On aurait cru, peut-être même, faire une expérience mystique, laisser sa vie s'écumer dans la vitesse et disparaître, être à la périphérie défilante rien de plus que cette périphérie défilante. Rien de tout cela.

Ce n'est qu'un train de banlieue, on n'est pas même près d'une fenêtre, les voyageurs ne voyagent pas : ils sont restés ancrés à leur quotidien.
Le train n'est ni vide ni plein, design moderne mais modeste, rien d'extrême, nul matériau pour une traversée fantastique.

Toutefois, à la sortie de la gare, mille voies parallèles et l'on reconnaît là le fantastique d'une année entière à longer les voies caduques et bientôt recouvertes de la gare François Mittérand.
Même étrangeté des immeubles qui s'érigent contre les voies et dont le rez-de-chaussée n'a qu'un jour de fer et de fumée, où la seule lumière filtrée par les rails n'est pas celle du jour mais celle artificielle des wagons.

Et l'on est surpris toujours de ne pas découvrir la campagne à la sortie de la gare. mais de traverser d'abord Paris, puis sa banlieue, ses banlieues.

Pourtant ses banlieues sont déjà en une langue que l'on ne connaît pas.  On ne reconnaît rien, ni les rues, ni les hommes. Tout est étranger.
(et l'on veut qu'il en soit ainsi)
Les premiers vallonnements ne sont plus les côtes que l'on peine à gravir en vélo, mais déjà des pousses de montagnes, des protubérances étranges et prometteuses.
L'architecture est celle d'un peuple étranger, les meulières annoncent les fermes, et l'on laisse derrière soi les tours décrépies de sa banlieue, les tours de verre de son Paris.


Le train cahin-caha en est encore à ses premières vitesses ; et soudain l'on doute de pouvoir un moment enfin filer le paysage entre ses doigts.

Prendre de la vitesse sur soi-même, laisser derrière soi un regard qui pensait voir et n'être plus que dans la jetée.

Il n'est pas important de disparaître, et c'est ainsi qu'on est évincé, qu'on ne se voit plus, ou à peine. 

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