dimanche 25 juillet 2010

Abandon


JB, je note pour toi, de façon neutre, sans commentaire, ce qu'a écrit Soren Kierkegaard au sujet de l'abandon dans la jouissance (ou plutôt de la jouissance dans l'abandon) - ceci étant écrit dans un roman (Journal du Séducteur) : 

" (...)
Mais il y perdra une jouissance ; car il ne jouira pas de la situation, puisqu'il s'y trouve englobé lui-même, caché en elle. Il est difficile de dire ce qui est le plus beau, facile de dire ce qui est le plus intéressant. Mais il est toujours bon de serrer la ligne d'aussi près que possible. Au fond c'est la vraie jouissance et quant à celle des autres je l'ignore certainement. La simple possession n'est pas grand-chose, et les moyens dont se sert cette espèce d'amants sont généralement assez médiocres ; ils ne dédaignent ni l'argent, ni le pouvoir, ni l'influence d'autrui, n i les somnifères, etc. Mais l'amour est-il une jouissance s'il ne comporte pas l'abandon le plus absolu, c'est-à-dire d'un des deux côtés ? mais pour cela il faut en général posséder de l'esprit, ce qui manque d'ordinaire à ces amants-là."
(dans les notes du 16 mai)

"Plus on apporte d'abandon dans l'amour, plus l'intérêt augmente. Cette jouissance de l'instant est un viol, en un sens spirituel, sinon en apparence, et dans un viol la jouissance n'est qu'imaginaire, elle est, comme un baiser dérobé, quelque chose qui ne vaut rien. Non, si on peut obtenir d'une jeune fille qu'elle n'ait qu'une seule mission pour sa liberté, celle de s'abandonner, qu'elle reconnaisse dans cet abandon son suprême bonheur, et qu'elle l'obtienne presque à force d'insistances, tout en restant libre, c'est alors seulement qu'on peut parler de jouissance, et pour y arriver l'influence spirituelle est toujours nécessaire."
(dans les notes du 30 mai)

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