mardi 6 juillet 2010

hors-lieu (paris XIIIe, de l'avenue de france aux quais de seine)


Espace suffisamment vacant pour que l'on puisse s'y loger 
(le crâne ° aux odeurs fantasques).

Grandes avenues sans idées où l'on peut poser ses pas.   Fantôme

Rues où l'on se croise pour la première fois, où les relations à peine ébauchées.

Bâtiments de science pure,  de vide pur.

A cette sortie de la galerie,  on est immédiatement arrêté par la couleur du ciel   
-  semblant quelque peu : différente. 
Beaucoup, pourtant, ne semblent pas heurtés - fantômes de ville fantôme, ils savent / et on est seul étranger.

Je les suis, marche derrière eux, devant eux, face à eux, derrière eux.

Marche et les pas ne s'empreintent pas. rues trop lisses pour les traces.

Je fais profil-bas devant ces hautes tours de glace.

Mon regard fixé chaque seconde à chaque point de l'horizon le plus profond, le plus étroit. Perforant le centre du bout de l'avenue, crevant d'un regard la fragile jonction entre deux horizons.


Et le pont, aérien, jaillit de cette déchirure.


Soudain le soir, le ciel dans sa pâleur, le vent de rose et d'embrun
mouettes qui déchirent le ciel
lumières qui se réverbèrent dans les pans d'eau verticale, immenses
et aux fleuves se jettent, pénètrent
aux yeux


Suspendu de ciel à ciel, le pont entre deux eaux et comme au-dessus des eaux
Et comme le corps, croix d'oiseau au point le plus haut de la structure,
L'oeil poché par la lumière qui cogne aux tours de verre, puis au regard -
et le rose s'étire pâle
l'or aux pommettes
yeux bleus à la lune écarquillée dans un coin de toile


Echo de lune à lune - terrestre céleste, et mes cuisses larges qui font pleurer les mendiants


De lune à lune et je suis sur ce pont à voir entre les tours de livre les esplanades les églises
à voir sur les eaux filer de grands trains noirs et verts - sombres comme dans une nuit à venir
[et Schiele qui tout petit les regarde]
A voir derrière moi l'eau bleue plongée dans un ciel lascif


Et je suis moi toute petite nue sur les lattes disjointes et qui claquent,
rongées par le vent et les mouettes,
les embruns et les dents longues des dormeurs de pont


Aussi le squelette de son faible poids donne au pont lourd son équilibre anachorète
et les courbes et les creux immenses se jettent
d'une tour à l'autre,
d'une avenue blanche


Sur cette Lune sans cratères
non lieu (apesanteur)
 : j'habite.


Personne ne le sait.


La terre même l'ignore.


je ne puis être qu'à une non-adresse


au lieu de nulle part seul je puis y être.



1 commentaire: