jeudi 1 juillet 2010

hors-sol


Le pied levé, la poitrine avancée au ciel rosissant,
          les ailes s'étirant en écart dans les ombres de la route,
corps oscillant direction finement menée,
     route avalée de vitesse sous les roues
                      :   me voilà jetée au crépuscule comme un fou aux étoiles

Je vole à dos de vélo éternel,
la liberté écumant aux pluies de vapeur condensée
          -  sur lesquelles ma tête déjà s'appuie

Le ciel étire au-devant ses couleurs et ses nuages à chaque instant périssables,
à chaque instant morts, et puis nés

Nécessité simple et évidente, ce crépuscule s'étend au-devant de moi,
moi qui glisse immuable sur la route lissée de ses obliques rayons.

Je suis au goudron de soufre, au ciel de chair rose et d'or,
mon voyage comme un saut sans fin
dans une atmosphère dont le moindre atome porte en lui une puissance de pluie

Je porte moi aussi la pluie
et dévale la pente tel un fleuve insouciant et libre-

Pas de liberté plus pure que ces minutes longues
où pied hors-sol, bras en croix,
                        tête levée vers la nuit noire arbres verts _

tête levée tant et tant que l'on devient au ciel  °
sans repère, sans plus chercher :
                                                         oubliant les noms des couleurs,
les noms des hommes

                       le coeur et la tête à la nuit bleue de vert
                                                                                      aux planètes


Pas de bonheur plus pur que ces heures où je deviens la nuit posant ses couleurs sur les champs de blé mûr,
Ma peau devenue vent,
Ma chair devenue tilleuls, blé vert, chèvrefeuille,
Ma tête mon coeur devenus nuit noire couleurs, champs, routes et sentiers,


Vélo, livre, vélo, livre, soleil, et vent, et pluie parfois_
Bonheur que l'on voudrait étirer comme l'ozone ses nuages
Seul bonheur Seul bonheur
devrait être seul seul bonheur

Pourtant / Pourtant brisé / :
A l'aube de cette plénitude, les mots et les temps d'à-côtés -

Mon souffle alors rompu,

vent pourtant souffle toujours,

moi rompu et lui toujours
                  :
ainsi je ne peux devenir ciel, terre et tilleuls,
corbeaux noirs sur champs verts,
humidité des arbres, souffle chaud des champs,
cris d'oiseaux accrochés aux étoiles

   - titubant je cherche à prolonger l'instant de liberté brune et claire,
     instant qui devrait être éternel mais rompu n'existe nulle seconde plus qu'esquisse.

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