jeudi 15 juillet 2010

Un pied dans la tombe


je suis en colère de te voir tout douleur comme ça et de ne rien pouvoir y faire
 -  que tu ne laisses semble-t-il rien ni personne y faire

et de ne pas savoir ton histoire,
si ta douleur a une origine que l'on pourrait cerner,   comme circonscrire

Mais non tu es là toi loin avec tes mots qui se dressent
 - à m'interdire de savoir quelles réalités les font tenir


Et ça me met en colère de toujours devoir avoir mal pour des types qui ne disent pas ou qu'à moitié pourquoi ils ont mal mais qui disent, disent qu'ils ont mal

et moi qui suis là qui me suis engagée là auprès de moi à les aimer, à creuser en moi leurs douleurs, à mourir de leur mort, de chacune de leurs morts , 

moi qui voudrais au moins savoir pour quoi je meurs

, ce qui vous fait mourir, dites-moi

- que je sache de quoi je meurs. (moi si simple qui ne connais pas ce qui fait mourir les hommes et ne suis capable que de mourir sans raison simplement parce que : je vois celui-là mourir alors je meurs avec lui.  comme le chien suit l'homme au tombeau.  fidèle, stupide, ô combien fidèle - et s'en est pitoyable.)




Cependant il faut dire : je m'en suis fait un métier de mourir pour les hommes

je la vends pas cher ma petite mort, ma chère petite mort,

il n'y a pas même à demander : l'homme arrive et je lui offre : tiens, voici une mort pour toi, pour accompagner celle que tu fais mûrir en toi, celle que tu soignes et qui croîs, plus vite que ton ombre-


Alors oui, bien sûr, avec un métier pareil on meurt souvent,

pas à tous les coins de rue mais presque.

C'est un métier, on dit, et on se console ainsi - même si cela ne met guère de beurre dans les pâtes, juste un peu d'or aux talons, le temps d'un soir, avant de s'évanouir.


On guette au large les nouveaux arrivants, mousses et capitaines qui amarreront et descendront d'un pied obscur sur la terre,
On leur prodiguera la bienvenue à ces malvenus ,  on s'arrachera leurs rayures et leur sueur -

A perdre haleine on se préparera à mourir pour eux et on le fera très bien - c'est un métier


c'est un métier, dites-vous, et déjà on ne vous entend plus,

déjà la voix s'est faite d'outre-tombe et s'éteint.




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