mardi 20 juillet 2010

SORTIR (et même en revenant on ne revient jamais)


Cet instant de la jouissance, fragment d'éternité où l'on est soustrait au monde

Ces quelques secondes où l'on jouit, on l'ignore.  C'est après seulement, on se réveille comme d'un long sommeil, et nous découvrons que nous avons été absents au monde le temps d'une éternité.

La jouissance donc : disparaître.

Ce que l'on appellerait jouissance serait le moment où l'on ne serait plus - quelle plus grande jouissance que de n'être plus au monde, de n'être plus que vapeur de nulle matière, évanescence, évanouissement ? 

Ainsi, notre jouissance est une mort éphémère au sein de laquelle nous expérimentons avec délice l'éternité de la mort.
(toute disparition a un goût d'éternité)- en disparaissant du monde nous sommes jetés hors du temps : alors ces quelques secondes de jouissance ont non seulement été une éternité, mais le sont toujours, et pour avoir découvert un instant notre disparition, nous en avons la connaissance éternelle - pas seulement la connaissance mais l'être : après notre première disparition, même en revenant au monde, nous en sommes irrémédiablement et éternellement soustraits. 

Eros et Thanatos ne sont pas seulement liés : ils sont les deux noms d'un seul instant, d'un seul non-temps. 

Cette jouissance, cette mort, nous est donnée par une violence qui est celle de l'épée et du feu ,
violence si dure à s'infliger à soi-même , impossible peut-être :
il faut que l'on nous aide à mourir , à enfoncer la lame jusqu'au coeur et à brûler les pieds (jusqu'au crâne).


Seul, nous nous arrêtons à l'aube de la mort -

si un autre nous tue, nous pouvons nous enfoncer plus loin dans la mort, plus loin que la mort elle-même

ce plaisir est une telle douleur qu'il doit nous être imposé.




L'homme vit seul mais ne peut mourir qu'à 2.




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