mercredi 14 juillet 2010

Incroyablement vert, et gris,


Comme un seul lieu est si changeant que l'espace est infiniment ouvert à celui qui ne voyage pas.

Et cette route qui s'enfonce déserte dans la mousson d'ici :

et les arbres et le ciel,

et les pas qui vont droit quand toute petite et immenses les arbres, le ciel, la route . 

il sera bientôt pluie sur la terre. Pour l'instant et déjà : j'avance nu pied après nu pied,

et voilà que tout :

incroyablement vert, et gris,  *


Alors cependant je quitte la route nécessaire et longue,
et oblique m'enfonce dans :

la boue entre les orteils et petits cailloux roulent sous la peau de corne d'or

j'ai pénétré le bois, j'ai pénétré le fleuve,
je suis devenue cette eau qui devient fleuve en sillons le long des routes bosselées,

j'ai senti les pousses de lierre germer en mes seins fermes - et petits -

j'ai chanté crié , ou tout comme : j'ai ri et je suis devenue la folle, la folle qui fait peur et que l'on envie pourtant, oui, sûrement, on l'envie -

je suis devenue la mendiante qui ne mendie pas,
nue dans la boue elle danse 
elle danse à fendre l'âme le ciel
qui par la foudre se divise éclate en fragments qui s'allègent en tombant

et je remonte la pente la terre est douce sous les pieds de glaise
les chemins se font torrents et l'on glisse sur les mousses et les tortues qui en suivent elles aussi la route

pantalon de toile fut de jute qui remonte aux genoux terreux
et les marques aux tibias sont de bleu et d'or  *

la rivière à la mer se jette
et ce lac minuscule sous les forces d'un vent impétueux 
devient immense aux couleurs de nébuleuses

C'est une Galaxie En Vérité


Et le tonnerre me poursuit et je dois courir  -jeux dangereux

Alors j'arrive à la ville que je trouve volets clos 

les hommes font les morts pour être oubliés du tonnerre,

ils jouent à disparaître je ne suis plus, pars -pars loin, il n'y a rien à taquiner, rien à faire mourir un peu plus encore,

tout est mort,

pars -pars loin,

tout est mort.

Et ainsi le Grand Tonnerre ne trouve rien d'autre que moi dans les rues fantômes
et il joue joue, joue avec mon ombre,

Et moi je les aime tous ces grands peureux,

et si différente je me sens si proche d'eux, si humaine eux si humains, 
je me sens toute pleine d'amour pour ces petits bouts d'homme 
qui différent un peu les uns des autres
tout comme moi je diffère un peu d'eux,  de manière seulement plus visible mais non plus profonde, pas de fossé plus profond, non, je ne crois pas

Seulement je suis non pas française mais :

comme thaïlandaise de naissance,
et j'ai oublié d'ici le langage  - ses codes

je suis tout seins visibles sans pudeur dans ce t-shirt d'eau collé à la peau d'eau aussi

et les pieds martèlent le bitume de toutes les chansons muowg, sac et nguon,

et les pieds nus nus nus sur le bitume 

et frappent et frappent

et lavés à l'eau même de boue qui les traverse,

et je chante chante dans ma gorge traversée d'eau claire, 

et goûte à même les lèvres la pulpe de la grenade et du figuier -

de l'érable en pleine force hormonale,

du chêne et du figuier, du figuier.

la foudre fait danser le ciel pour mes yeux,

et j'applaudis à tout rompre dans cette joie sans trouble

je danse alors avec l'éclair, et prends moi aussi ma part aux joies du ciel

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire