samedi 17 avril 2010

Journal littéraire 3


 Journal dans lequel on peut entrer et à la porte duquel on est toujours après même être entré.

Le journal que l'on publie soi-même, volontairement - et peut-être plus encore lorsqu'il s'agit d'une publication internet, au jour le jour ou presque

C'est exposer et retenir 

exposer et retenir cela même qu'on expose

Le journal littéraire (conçu comme oeuvre littéraire - même si cela n'est qu'à petite échelle) n'est pas un simulacre où l'on créerait une intimité que l'on ferait passer pour sienne.

Chaque mot naît du jour que l'on a soi-même intimement vécu.

Pourtant nous ne donnons pas à violer notre intimité - celle-ci reste inviolable.

Je ne parle pas ici du fait de ne pas publier ce qui est de notre jour (de nos jours et de nos nuits) le plus intime - cela bien sûr nous pouvons le faire, nous le faisons
- mais puisque cela reste hors journal, ce n'est pas une intimité maintenue là-même où elle est exposée et, plus largement, cela ne concerne pas une réflexion sur le journal (ou seulement de manière périphérique).

Non il s'agit de cette intimité même qui se donne dans le journal et dont pourtant le lecteur ne peut tout à fait s'emparer.

Pour le lecteur, le journal n'est pas clarté des lignes et des lettres mais masse grise où l'on s'enfonce, où l'on fouille, et où l'on trouve parfois quelque trésor noir, quelque signe qu'on ne fait en fait que reconnaître.

L'intimité est sauvée dans le journal car elle y est dans une certaine obscurité où la vision varie, peut être éclairante, mais où le plein jour ne se fait jamais tout à fait pour le lecteur - et peut-être même pour son auteur.

L'auteur disperse sur la page des choses et des clefs - toutes les clefs sont là mêmes - mais on ne pourra jamais toutes les trouver.

Ainsi l'auteur se donne et se préserve dans un même mouvement.

Le journal est un acte de communication au sein duquel la solitude même est sauvée.

Le mouvement vers l'autre et le mouvement vers soi (qui est moins un mouvement de jambes qu'un mouvement de bras, que l'on referme sur soi en vase clos, en berceau protecteur) se confondent alors même qu'ils sont inverses.


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