mercredi 28 avril 2010

la marche du sel


Il y a longtemps déjà que j'ai commencé à décloisonner l'espace de ma vie.  

Cela a commencé en mangeant debout. J'ai troqué l'assiette pour le bol et la fourchette pour la cuillère. Puis, je suis sortie devant chez moi. Le lendemain, j'ai poussé le portillon et je suis sortie manger dans ma rue, pieds nus ou en chaussons, tantôt assise tantôt marchant. Peu à peu j'ai poussé une rue plus loin, puis l'autre. Aujourd'hui, bien que boîtante, je suis parvenue à la lisière de la forêt.

Cette attitude est d'abord née d'un besoin - d'un besoin d'air, de mouvement, de vent, de liberté.

Mais ce pourrait aussi être un acte politique - contre les conventions prises pour la nécessité (l'illusion de la "première coutume" dénoncée par Pascal), contre les convenances, contre l'enfermement (en bureaux, en maisons, en quartiers sécurisés, en salons-télés...), contre la propriété (contre l'excès de propriété), contre la séparation, contre l'incommunication entre les hommes et des hommes aux choses.

L'acte politique rejoint ma première nécessité : je ne supporte pas et ne veux pas supporter d'être coupée (de m'extraire) du monde dans ce qui lui reste de dérisoirement naturel - aux ruines de nature je m'accroche, et contre ceux qui disent que la nature est nulle part je leur réponds qu'elle est partout, partout changée mais partout toujours - et que l'homme lui-même est naturel - le béton est naturel : des matériaux naturels maniés par l'homme, être naturel.



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